La logique propositionnelle tient une place privilégiée dans de nombreuses applications de déduction automatique. Malgré un pouvoir d'expression a priori limité, elle permet de traiter un grand nombre de problèmes et de concevoir des algorithmes efficaces en pratique. En particulier, le problème SAT, ou test de satisfiabilité, fait l'objet d'importants efforts de recherche, à la fois théorique (problème NP-Complet canonique) et pratique, depuis plus d'une décennie. L'aspect pratique est important dans la mesure où, même si la complexité théorique des problèmes abordés reste bien entendu la même, plusieurs changements de facteurs d'échelle dans la taille des instances traitables ont été observés. Ceci est dû en grande partie à une meilleure connaissance du comportement des algorithmes en pratique, tant sur des exemples concrets, que sur des exemples générés aléatoirement. L'organisation régulière (et de plus en plus rapprochée) de compétitions de démonstrateurs - reflétant l'évolution rapide des performances dans ce domaine - ainsi que la création de sites web (SAT-EX) pour la publication de résultats expérimentaux du domaine y contribuent également.
De nombreux problèmes actuellement traités à l'aide de techniques SAT sont issus d'applications comme la planification, la vérification formelle de microprocesseurs (comme le Bounded Model Checking) ou plus généralement, des problèmes de recherche de point fixe dans l'ensemble des états atteignables d'un automate. Ces applications, très importantes en pratique, impliquent la manipulation de formules de très grande taille (ce qui reflète leur caractère industriel). Nombre de ces problèmes s'expriment en fait à l'origine plus naturellement dans des formalismes plus riches, comme celui des formules booléennes quantifiées (QBF).
Étant donné un ensemble fini de symboles propositionnels
une QBF est une suite
formée d'un
préfixe
et d'une matrice
, où
est une
suite de quantifications
ou
sur les variables
de
et
est une formule propositionnelle classique. Par exemple, étant
donnée la formule
,
la formule
est une QBF.
La validité d'une QBF se définit alors inductivement comme
suit :
Le problème de la validité des formules QBF joue un rôle
important en théorie de la complexité. Dans le cas général,
i.e. lorsque le nombre d'alternances de quantificateurs
n'est pas borné a priori, il constitue le problème
PSPACE-complet canonique. Lorsque le nombre d'alternances est fixé
au départ, il se décline (selon la nature de la première
quantification) en problèmes
-complets ou
-complets.
Pour
, les classes
et
se situent au dessus de
et
et en dessous de la classe
. Or, une quantité importante de problèmes d'IA (mais
aussi d'autres domaines) ont une complexité théorique dans ces
classes. C'est le cas par exemple pour divers problèmes
d'inférence (abduction, révision, mise à jour,
circonscription, inférence en logique des défauts, etc.) et de
planification non déterministe. Lorsque les classes considérées
sont fermées par réduction polynomiale, il est théoriquement
possible de ramener la résolution de toute instance de tels
problèmes à celle de la validité d'une QBF. Cela fait l'objet
de recherches, essentiellement à l'étranger, depuis deux ans
maintenant. Des résultats intéressants on été obtenus tant
d'un point de vue « théorique », par la mise en évidence de
réductions depuis un nombre conséquent de problèmes d'IA, que
pratique, en montrant que l'approche consistant à coder des
problèmes en QBF puis à résoudre ces dernières est tout
à fait viable et donne des résultats très compétitifs par
rapport à certains algorithmes spécialisés.
Si quelques premiers algorithmes permettant de déterminer directement la validité d'une QBF ont été proposés, ils restent encore assez simples et peu performants. La maturité des démonstrateurs SAT actuels est telle que, dans nombre de cas, il est souvent plus efficace de passer par une réduction en instance SAT que de résoudre directement les QBF considérées. Cependant, une telle réduction induit généralement un accroissement en espace très important des instances produites. Pour certains problèmes industriels, elles ne peuvent alors tout simplement pas tenir en mémoire et, en dépit des énormes progrès réalisés durant ces dernières années sur les démonstrateurs SAT, restent hors de portée des meilleurs démonstrateurs actuels. De plus, ces techniques de transformation ne sont possibles que pour des QBF n'impliquant qu'un nombre réduit d'alternances de quantificateurs. Il est donc important de pouvoir proposer de nouveaux algorithmes pour la résolution directe - et pratique - de QBF.